un peu de sens, svp ! Aujourd'hui on semble voir de plus en plus de choses qui nous paraissent n'avoir aucun sens. Cela aussi bien dans les produits "culturels" dirons-nous tel les clips musicaux de Nicki Minaj par exemple, que dans les "informations" du monde et du voisinage ou proche. Ah pensons aux séries TV aussi comme Dirk Gently ou American Gods par exemple où plusieurs genres se mélangent allégrement. Et dans les "informations" ou les faits du monde humain contemporain on a par exemple les comportements de certains chefs d’États. Bref je vais pas donner une liste, il s'agit juste de pourvoir à une idée de ce qu'est cette tendance. En réaction au sentiment de manque ou absence de sens on peut parfois adopter une posture résignée de néo-nihilisme retro-conservateur, bref quelque chose de cet acabit. On peut parfois aussi adopter une posture opportune de se dire que puisque rien n'a de sens je fais des trucs sans me préoccuper du sens et des répercussions, ce qui est par exemple caractéristique aux rigidités du "travail" de je fais ce qu'on me demande et le reste basta. On peut aussi adopter une posture de créativité enthousiaste sans pareille, et une moultitude d'autres nuances de comportements changeants. Davantage d'informations En fait, comment ça se passe ? On évolue dans un monde humain où tout se démultiplie à galopante allure. On a jamais eu autant d'informations à produire/digérer tous les jours. Et dans cette immensité en expansion forcément on est confronté à des éléments qui a une autre époque n'auraient pas été connues donc on aurait pas eu de réaction (forme de traitement de l'information) à cet égard, pas de quoi comparer avec notre connu qui parce qu'il nous paraît connu nous paraît aussi plus cohérent. En réalité, notre familier est déjà une suite cumulée et compactée de grand mix. Notre corps paraît quelque chose de naturel mais en réalité c'est un organisme multi-hybride. Nous sommes déjà dès la base de notre existence une chimère. Mais attention, chimère n'est pas négatif, c'est au contraire plutôt symbole d'union et de partage, de mise en commun. Donc, face à un assemblage d'informations diverses on a de plus en plus de chances de ne pas trouver de sens immédiat, ni de sens tout court. Cohérent, ça tient la route On a aussi l'impression que tous ces amas d'éléments éparses ne sont pas cohérents. Par exemple au quotidien on boit un café qui a poussé en montagne dans des pays tels l’Éthiopie ou la Bolivie, avec du lait qui vient de Bretagne, des œufs qui viennent des Hauts-de-France. Plus tard dans la matinée on lira un texte écrit il y a 70 ans en Allemagne, puis deux phrases écrites sur une plateforme de micro-bloging depuis l'Inde en langue anglaise, on prendra son vélo dont l'aluminium du cadre et le caoutchouc des pneus proviennent de toute part du monde et acheminées et transformées ailleurs encore, on fera une transaction par un jeu administratif de monnaie passant par des terminaux internationaux, etc. On voit donc qu'au quotidien rares sont les éléments purement locaux, cela nous parait normal dans l'usage tant on ne se préoccupe peu de la provenance et que l'habitude fait la familiarité et donc cette fameuse impression de cohérence. On pourrait alors tout à fait se dire, dans un jugement esthétique que notre quotidien n'a pas de sens, ou n'a plus de sens. Mais comme je viens de l'écrire il s'agit d'un jugement esthétique dont les filtres proviennent de nos capacités de reconnaissances de phénomènes répétitifs. L'accélération des échanges augmente le décalage entre nos perceptions (et capacité de traitement, dont de reconnaissance) et les réalités. Tous à dada, c'est wouf ! Quelque part le libéralisme matériel mondial dépasse toutes les espérances des mouvements dadaïstes et surréalistes, de même que l'affranchissement des États par les grandes firmes par exemple dépasse les espérances de l'anarchisme politique. Il n'y a qu'à voir une brocante ou un magasin de type Action où des objets absurdes se côtoient de façon absurde. Exemple ordinaire de brocante : une pseudo statue d’Égypte antique super moche à côté d'un porte éponge métallique avec des oiseaux, à côté d'un album de Oui-oui, à côté d'un chapeau melon, etc.. Ah oui, donc le dada - petit topo - est un mouvement qui revendiquait l'affranchissement de tout souci de cohérence esthétique, surtout de cohérence dite intellectuelle, ou rationalisée. La posture est radicale, et si je comprends et partage une partie de cette pensée, elle me semble réactionnaire somme toute et donc je vous invite à lire mon article sur la critique du langage verbal par exemple. Dans la continuité, le surréalisme à l'heure du village planétaire est aussi partout, et sans être une posture de protestation ou de revendication de la part d'une minorité. Bien entendu, il y a toujours en parallèle un souci de cohérence esthétique/formelle qui nous amène ou nous ramène à une espèce d'uniformisation ou lissage. Avant de classer toute cette dynamique dans un jugement morale négatif, on peut aussi peindre celle-ci en nécessité d'équilibre pour maintient durable de la structure. Imaginez qu'à l'échelle du corps humain classique, un groupe qui pousse très loin une démarche mystique ou artistique ou financier pourrait être l'équivalent d'un agrandissement subite de la main qui triplerait de taille en une heure. Tandis que quand tout grandit en même temps ou presque cela ne pose pas (forcément) de problème car c'est relatif à la structure, à l'ensemble. Nouvelle donne, wéwé :p En réaction à cet accroissement accélérant, on pourrait se dire qu'on n'a pas besoin de continuer à participer à cette dynamique. Mais ce serait une posture vaine et je jugerais même incohérente envers elle-même :). Mais c'est génial, c'est la créativité même que de croiser des éléments qui n'avaient jusqu'à l'heure pas de lien apparent. Cela se décline en tous les domaines, comme des couples multi-culturels, de la cuisine avec des combinaisons toutes fraiches, toutes nouvelles et ravissantes, des études parfaitement transdisciplinaires, des mélanges d'art de science, etc. Ce qu'il faut retenir c'est que la majorité du WTF d'aujourd'hui sera très vite le classique/normal de demain. Le WTF établit en fait de nouveaux codes, ou remixe des codes pour faire naitre une nouvelle donne. Regardez, même dans un domaine qu'on pense bizarrement souvent comme un peu conservateur telle une bibliothèque il y a des livres vieux de millénaires qui côtoient tranquille des livres contemporains, des livres qui présentent des propos en apparence opposés genre "la vie c'est la guerre" à côté de "la vie c'est la paix" lol mais en vrai c'est ça et ça ne pose pas de problème véritable. De façon aussi très concrète, pour ceux qui "bricolent" aka construisent ou réparent des trucs en tout genre, il y a un décalage entre ce qu'on pense faire, ce qu'on a déjà fait et ce qu'on fait sur le moment car chaque situation est unique et des aléas mineurs ou majeurs peuvent se glisser dans nos plans et prévisions, même quand il s'agit de poncer un plancher ou de changer de poignet de porte. On pourrait alors émettre aussi un jugement esthétique et se dire que c'est pas cohérent ou pas "normal", mais si tout est normal... et anormal en même temps. Remixe tout ça Ah et donc, évidemment, tout ce qui tient à l'idée de pureté formelle dans le sens de persistance et invariance est mise à mal dans cette perspective. On a en effet toujours cette tendance à considérer les formes comme éternelles et acquises alors qu'elles sont une étape, un instantané, une partie d'un mouvement ou dynamique d'ensemble qui dépasse ses extraits un à un. C'est comme de dire qu'un film de 1h32 n'est en fait qu'une image alors qu'il y a 24 images par seconde ou plus ou une continuité. Si on reste sur cet exemple du film, il est intéressant de noter la linéarité du développement de la narration en images et sons. Imaginons qu'on coupe cette linéarité et qu'on place une scène de fin au début, et une scène du milieu à la fin par exemple, on pourrait alors avoir une tout autre émanation de sens à partir des mêmes éléments, simplement la réorganisation change les effets, dont les effets de perception. C'est de souvenir ce qu'avait fait le réalisateur de Spring breakers, Harmony Korine, par exemple. La liberté du remix donc et de l'exploration de nouvelles combinaisons :) !!! Ce qui n'est pas l'occasion de manquer de respect et de produire des choses malhonnêtes, évidemment. Il s'agit juste de faire et tester, expérimenter des choses qui peuvent parfois ne pas être comprises par la majorité voire par personne, pas même nous-mêmes, mais sans que ce soit l'objectif d'être hermétique de tout sens. Le but de toute production reste le partage, et un souci de "cohérence" peut être un passage, une partie nécessaire de tout échange. Respecter les spécificité de chacun, les sensibilités de chacun, sans non plus amputer outre mesure ses créations artistiques car ultimement on ne ferait plus rien si on devait en permanence ménager les patterns-recognition de Bébert et Kitty. Mais encore, sans "produire" il s'agit d'avoir une démarche qui questionne à quel point notre familier est déjà totalement composite et pas si parfaitement unitaire. Notre cerveau par exemple est composé selon notre grille de lecture actuelle de trois phases de développement évolutionnaires : reptilien, mammifère, humain (le néo-cortex). Nos légumes et nos jardins sont composés de plantes issues des quatre coins du mondes qui pourtant se côtoient parfaitement "naturellement" au quotidien. Cela peut s'avérer une démarche qui permet plus de compréhension et donc de respect de toutes les différences de l'existence.
0 Commentaires
Pro-grès, et pourquoi pas pro-silice ? Lol ok mauvaise blague, mea culpa maxima. Paye ta maison Ce qu'on appelle progrès est une notion un peu vague, dont certains diront qu'elle est "protéiforme". Oui, ce n'est pas parce qu'on a un seul mot pour désigner le phénomène que le progrès est derrière unitaire et bien distinct. Le progrès peut faire référence à beaucoup de phénomènes différents. Aujourd'hui on en a une vision que je qualifierais d'assez fixiste. Le progrès serait une accumulation bien acquise. Sur la base de cette conception, on s'imagine alors une accumulation presque parfaite et prévisible. Exemple, je construis une maison, cette maison est la mienne, elle est acquise et donc je peux créer d'autres progrès à partir de cette acquisition. Mais, en fait, la maison est "naturelle" et donc sujet à des modifications permanentes, certaines voulues, d'autres imprévues (dont entropie). Et oui, acheter une maison, c'est aussi le prix de l'entretien (et des aléas) sur la longue, pas seulement le prix d'achat et le prix de construction. Et donc on peut appliquer ces réalités bien concrètes à tout ce qu'on parque à va-vite dans le carton "progrès". Ainsi, tout ce qu'on fait, produit, échange ne s'accumule pas parfaitement un à un dans des bénéfices localisés (aka l'individu, le groupe, la région, etc.). Il y a des couts après coût. En fait, je pense qu'il n'y a pas un moment où il n'y a aucun cout. Mais tout peindre en terme de coût me semble pas pertinent et en plus potentiellement angoissant. Mince, ça me coute combien de respirations d'écrire ça ? Et combien de battement de paupière ? Et en joules, ça fait combien ? Lol. Pas linéaire ? Donc, quand on met en place une "avancée" -que ce soit sous forme de biens, d'infrastructures, de connaissances, de savoir-faire, et autres- il n'y a pas d'accumulation linéaire comme 1+1. Sur l'exemple pris au dessus, si je construis une maison, puis deux, on ne peut pas dire que le progrès c'est 1+1 = 2 (maisons), donc on serait passé de 0 à 2 de manière définitive... Mais non, ça ne fonctionne pas ainsi. Déjà parce qu'on ne part jamais de 0, on fait un réagencement de ce qui existe déjà. Et comment comptabiliser la maison (potentielle) en des matériaux éparses ? Cependant, il est vrai que 100 planches de bois sont plus "efficaces" assemblées sous forme de toit qu'empilées en vrac dans un entrepôt. Alors, le progrès se situe où exactement ? Dans les planches de bois, dans l'agencement et le temps d'agencement, dans la réalisation finie de la maison ? Difficile à dire, car le phénomène est diffus et dynamique. Deuxième point contre l'idée de progrès linéaire, ces 2 maisons peuvent être un plus certain par rapport à dormir sans abris ou sans "modulation climatique micro-locale". Mais le maintient de ces maisons a un coût, ça se dégrade, ça ne correspond plus aux besoins initiaux, il faut améliorer l'isolation rapport aux nouvelles avancées techniques et normes, améliorer la distribution d'eau, etc. Donc il y a un coût pour maintenir, et comme on ne peut pas ou peu maintenir (en cause la "vitesse") avec les mêmes et exactes techniques on a probablement un surcoût de maintenance. Donc ce +1 doit être totalement amoindrit en terme de coût/bénéfice pour l'individu. Chaines causales Néanmoins, si le progrès n'est pas aussi linéaire qu'on se le figure spontanément, peut-on dire alors que le progrès n'existe pas ? Appelons à la barre la notion de mathématique : l'exponentiel. L'exponentiel est une augmentation dite aussi "géométrique" (donc pas arithmétique). On a donc l'idée très graphique (représentation visuelle abstraite et simplifiée pour décrire une "dynamique") de croissance lente, puis accélérante. Comme le disent certains auteurs-stars, ce type d'augmentation est loin d'être intuitive pour l'immense majorité. Ce qu'on a du mal à saisir donc c'est à quel point les progrès un à un sont un phénomène diffus. Effectivement, sur le court terme, il y a semble-t-il souvent plus de coûts que de bénéfices, et donc on peut moquer certains éléments, certains projets, certaines inventions, certains actes et même certaines croyances. Mais c'est qu'on prend tout cela sous l'angle trop localisé dans notre perspective limitée (en terme temporel et individuel). On néglige l'impact de technologies "abandonnées" sur le long terme. On néglige la récupération non linéaire de toute création et forme de connaissance. Non linéaire, veut dire aussi non linéaire dans le temps. L'ensemble des chaines causales n'est pas aussi prévisible et plat. On voit la causalité de manière très simpliste souvent, genre un à un en local. Mais comme on l'a vu il ne s'agit pas d'addition d'unités entières. sur-estimation & sous-estimation Si l'on devait comptabiliser le progrès - et je suis sceptique sur le tout chiffre - il faudrait plus raisonner en terme d'accumulation de marges, ou marginalités. Si construire une maison ne me donne finalement qu'un progrès de 0,01 (relatif à ma personne seulement) il est possible que ce 0,01 aussi petit et ridicule soit-il, me permette de faire un plus gros progrès dans un autre domaine et alors, si on souhaite faire un calcul, ces 0,01 sont à additionner aux 0,20. Mais c'est encore plus complexe que ça parce que ce minus 0,01 représente peut être un 0,80 pour d'autres personnes. Et donc l'impact réel de ce petit progrès est difficilement traçable. En tout cas on ne peut pas le circonscrire au local 0,01. Et peut être que ce 0,01 sera d'impact nul ou négatif pendant 20 ans et explosera ensuite son potentiel en progrès pour amener le compteur à 30,00. C'est ce qu'on appelle dans le jargon la disruption. Ce n'est pas quelque chose de fou, c'est même un phénomène qu'on peut tous facilement expérimenter à notre niveau individuel. La lecture et l'apprentissage se font beaucoup ainsi. Bon, passons les calculs illustratifs. Ce que je veux mettre en avant ici est qu'il y a bien une accumulation, même si sur le court terme on la sur-estime souvent en rapidité et en effet. Cette sur-estimation conduit parfois à abandonner toute idée de réel progrès, en réaction à cette déception court terme. Mais, on a beau être déçu (pas de voiture volante), la dynamique de fond continue. critique de l'exponentiel Maintenant, soyons critique à l'égard de cet exponentiel. Il s'agit d'une représentation en chiffre et en graphique, et donc ce n'est pas le phénomène en lui même mais un espèce de doublon pour faciliter parfois notre compréhension des phénomènes. Cet exponentiel est une idée quasi uniquement indexée sur les capacités informatiques notamment des processeurs (loi de Moore, tout ça). Sans négliger l'importance de ce facteur d'ingénierie spécifique, qui serait lui aussi à nuancer, je pense que c'est un peu étroit. L'idée d'exponentiel nous fait aussi penser à un phénomène presque lisse, alors que nous devons prendre en compte la variabilité d'une quantité de facteurs inimaginable. Je comprends que selon la méthode ces innombrables facteurs peuvent être perçus comme du bruit et qu'il faille se concentrer sur ce qui est plus stable à travers ce champs dense de phénomènes intriqués. Mais je considère que ce qu'on relègue dans la catégorie "bruit" peut parfaitement être un contenu qu'on ne sait pas "décoder" sur le moment, et qui donc est tout aussi important que le facteur mis en numéro 1. C'est que l'idée de progrès est parfois trop corrélée et indexée sur le "matériel" et sur l'informatique et aussi sur l'économisme. Par exemple, l'idée de croissance économique n'est pas un indicateur total du progrès, en partie oui, peut être, mais ce n'est pas l'unique indicateur, ni le plus fiable, ni le plus pertinent. D'ailleurs, si au plus la "croissance" économique tend à ralentir c'est bien que cela traduit l'idée que ce que mesure les comptes monétaires de l'économie est largement tronqué. Mais cela a rapport à ce qu'on valorise en priorité selon l'époque... Et à échelle humaine ? Ce qui n'est pas pris en compte aussi est comment ce "progrès" se traduit au quotidien, à l'échelle humaine. Parce que effectivement, on augmente la quantité d'information et donc le sentiment de bruit et donc de stress (au début), donc de "perte" de sens, et aussi on augmente l'exposition aux faits négatifs sur lesquels on peut rester focalisé. Il y a également par le progrès matériel et technique, un phénomène de rétroaction. Peut être la conscience agrandie qui fait que de plus en plus de choses nous paraissent insurmontables. Il est possible qu'on surestime des catastrophes potentielles. C'est notre sensibilité qui augmente drastiquement. Sensibilité à la violence, à l'inégalité, aux conditions, etc. Et donc le progrès est moins ou plus un progrès en certains point dans le ressenti et le vécu, malgré qu'on vive en moyenne mieux que des rois d'il y a quelques siècles. Alors oui techniquement on sait faire pas mal de chose et c'est pas finit, mais il y a un coût en terme de sensibilité qui fait que ce progrès ne peut pas être célébré unanimement. Néanmoins, non sans une certaine ironie, cette sensibilité accrue est aussi un progrès et fait partie intégrante du progrès général. Si d'ailleurs on déplace nos préoccupations et nos actuelles priorités progressivement du tout matériel vers du plus émotionnel, plus spirituel, plus humain, c'est entièrement le phénomène de progrès, sa prolongation, sa mutation. Parce que, quelque part, ce qu'on range derrière les mots "morale" et "conscience" et "émotion" sont des phénomènes moins matériels et plus virtuels que de vouloir construire 2000 machines à laver. LE travail de la nature Maintenant, on doit invoquer le constat qu'au plus une société humaine prospère au plus ce qu'on appelle l'environnement en pâtit. Alors, il y a la notion d'anthropocène par exemple, où l'humanité serait devenue une force majeure de la nature, de transformation de la nature. C'est souvent à partir de cette perspective qu'on critique toute forme de progrès ou d'enthousiasme envers différents progrès. On part de ce constat et on dit qu'on ne fait que ponctionner la "nature" et que donc on puise dans ses réserves par notamment les énergies "fossiles". Et effectivement, le pétrole et le charbon ne se forment pas en trois jours, il a fallu des échelles temporelles immenses pour arriver à ces matériaux. Ce n'est donc pas une richesse humainement renouvelable. Et en brulant du pétrole pour alimenter un bus on bénéficie d'un "travail" de la nature immense et qui est utilisé, brulé définitivement en quelques instants seulement. On reviendra sur cette notion de temps. Nous sommes ici dans la logique de l'extraction. L'extraction seule est peu pertinente, il faut trouver des usages spécifiques, puis aussi moduler et contracter ou optimiser selon certains critères les usages et les modes d'extraction. Si à partir d'une même quantité de matériaux on réussi à faire plus qu'auparavant, on dilate ce temps et cette énergie. Démultiplication stratégique Dans le processus de progrès il est souvent fait mention de la notion d'innovation. Par exemple, pour enregistrer et stocker la musique on a eu différents procédés et ces procédés ont parfois tendance à être, sous l'effet de la découverte, appliqués partout massivement, en détruisant au passage l'hégémonie d'un ancien support technique. Et donc, dans ces découvertes, il y a des processus d'emballement qui sortent de toute mesure et d'optimisation réelle des ressources (bien que peu définissable a priori). Par exemple, le vinyle, la K7, le CD, le MP3, etc. Mais en fait, dans ces processus d'emballement, on ne détruit pas les techniques anciennes définitivement (ou alors rarement) on les conserve et en fait il n'y a pas tellement de remplacement total. Ce qui aboutit à ce qu'on réalise dans le temps une collection de techniques qui restent toujours valables pour certains domaines dans le futur. Pensez ça en terme de bibliothèque de techniques et de boucles. Pesons la nuance de ce phénomène. Une innovation peut permettre de faire des "économies" énergétiques par exemple par rapport à la technologie majoritairement utilisée, mais ces économies seraient vraiment valables parfois si on remplaçait tout immédiatement. Or, ce n'est pas possible, il y a quantité de rigidités matérielles et humaines qui fait que nous ne pouvons pas effectuer ce changement de manière radicale et universelle. Et même ce changement radical ne serait pas forcément optimal non plus car engendrerait des coûts humains et environnementaux assez copieux. Et certainement fragiliserait l'ensemble car il est possible qu'on découvre des failles plus tard. Pour toutes ces raisons, on collectionne des techniques, comme on met ses œufs PAS dans le même panier. Parce qu'on ne sait pas à l'avance quelle prochaine technique sera la plus favorisée/favorable. Méthodes bouleversées Ici, petit détour. Par rapport au self-génératif, si on vit longtemps voir très longtemps ou éternellement en nos conditions, on a moins besoin de passer par du standard, donc effectivement on s'éloigne des "normes" ou habitudes sociales pour aller vers plus d'exploration en soi par soi, pour soi, mais aussi plus de plasticité à comprendre ce qui ne tient pas du standard, donc on n'a plus ou moins à utiliser le standard pour le standard afin juste de maintenir cette technique/média. Il y a donc des conséquences sur ce qu'on appelle la science, ou la démarche scientifique, parce qu'elle est basée encore en majorité aujourd'hui sur ces standards formels de transmission, et du jugement formel de pair à pair (=politique). La science risque donc non pas de disparaitre mais de s'éclater en chaque personne, ou petits groupes, où de nouvelles méthodes plus libres, plus proches de chacun. On corrèle aussi fortement la science avec le progrès et je pense que c'est un tort. D'abord la science est une explication filée de phénomènes isolés. Elle ne fait donc que traduire la réalité selon ses propres perceptions qui sont aussi un peu ses besoins au passage. Elle crée donc une injection informationnelle d'ampleur, mais ce n'est pas la seule à faire ça. Je considère que tout ce qu'on range dans la catégorie "art" est tout autant une science, les médias sont différents et les démarches moins standards. Ensuite, la science est l'observation, mais l'observation humaine est limitée, donc ses plus grandes "avancées" sont dues non pas directement par sa méthode même, mais par le développement des supports de technologie. La physique et l'astronomie sans télescopes et sans super calculateurs ne "valent" pas grand chose. Mais qu'est-ce que la "technologie" ? Une extension de nous, en perception et aussi donc en actions. A-t-on besoin de savoir fabriquer un smartphone pour bien l'utiliser ? Non. De même qu'on a pas besoin de savoir construire des canalisations pour prendre sa douche, ou planter des patates pour savoir les cuisiner au mieux. Et chaque outils est évolutif, et ne gardera probablement jamais sa fonction initiale à jamais. Ça s'appelle la variabilité et surtout la créativité comme je l'expliquais dans la Triméta. C'est donc quelque chose de très pratique, pragmatique, de terrain et la science n'a pas le monopole. De plus, cette focalisation des espérances sur la démarche scientifique risque de créer beaucoup de déceptions. Par exemple, dans le bio-hacking qui risque de se développer de manière folle, sans qu'on labellise forcément cela en "bio-hacking" (mot un peu ringard), ce sera chaque individu qui va expérimenter pour lui-même avec ses propres informations sur lui-même (bien qu'il y aura aussi des partages évidemment). Mais l'expérimentation gagnera en potentiel de succès si cela est fait de manière spontanée par les possibilités technologiques. Comme je l'écrivais donc dans un article sur la critique du verbal, on va devoir reconnaitre qu'on s'oriente vers un élargissement des médias, et pas que du verbal. Donc le progrès se fait et d'autant plus se fera par l'ensemble des médias, donc ça pourra être la possibilité de créer son environnement dont maison, aliments, vêtements, univers, etc. Ce qui est un peu méprisé encore par la démarche scientifique et reléguant la mode et tout ce qui est bien "humain" à de la "culture", ou de la "distraction", des "lubies" mignonnes. Mais non, les perspectives vont changer, être probablement plus équilibrées dans l'ensemble de la valorisation en société. morale, conscience, etc. Le progrès morale ? Paralysie par conscience. Conscience = majoritairement rétro-action, rétro-information, distance de soi. Le psychologisme a pondu le terme de méta-cognition, ce qui selon moi désigne en fait une partie de ce qu'on appelle conscience. On pourrait trouver le terme lucidité, ou clairvoyance. Traduction Toujours surpris de l'opposition à l'innovation ou au progrès, avec une vision très fixiste de ce que devrait être la vie, comment on devrait vivre, etc. Alors il est indéniable que le progrès est en fait une traduction globale, une méta-traduction matériel. Et que donc dans toute traduction, on tronque une partie, et c'est possible que parfois ce soit la partie la plus "précieuse" à nos yeux, et que donc on regrette d'avoir tenté de traduire, car le processus est parfois quasi définitif. Ce genre de traduction n'est pas toujours planifiée à grande échelle comme on voudrait le croire (complot), mais reste spontanée car nous ne sommes pas séparé de la nature, nous sommes nous-mêmes un agent de la nature, même si par la conscience on peut un peu moduler sur le long terme cumulatif (exponentiel). Coût et dépendance Donc oui, ce qu'on appelle technologie est couteux de bien des façons, aujourd'hui on a le spectre de fin du monde (oui encore lui, depuis le temps qu'on nous le promet) avec le réchauffement climatique qui est de notre "faute". Oui, les technologies sont si complexes que très peu de personnes sont capables de les concevoir, et à vrai dire aucune personne n'est à priori capable de créer un smartphone à elle toute seule. Mais ces concepts de dépendances et de fautes ne sont pas tout à fait correctes, ni honnêtes. A ce moment là, on est dépendant de la terre, on est dépendant des légumes, on est dépendant du sable, on est dépendant des forêts, on est dépendant de l'humanité. Qu'est-ce qui ne tient pas de la dépendance ? Et le terme de faute est de considérer que nous sommes tous conscients et parfaitement au courant de tous les éléments et surtout du futur. Connait-on le futur ? Non, sinon ce ne serait plus le futur, plus vraiment. oubliés, de retour sur la scène Le temps, le futur est parfois déjà passé. Il y a des innovations sous formes matérielles ou informationnelles qui sont venues trop tôt pour être exploitées, vues à leur juste potentiel. Et elles se sont perdues dans le flot. Mais parfois elles refont surface d'un coup des années plus tard. Le temps non plus n'est pas uniquement linéaire. Il y a une expression : il a eu tort d'avoir raison trop tôt. C'est fort valable pour ce qu'on appelle innovation (que ce soit en technologies ou en science, ou en art, etc.). Relativité Ce qui me dérange aussi dans l'idée de progrès linéaire moral, c'est le côté définitif aussi. Oui, il y a des moment où on ne peut plus retrouver l'état d'où l'on vient. Mais ce n'est jamais quelque chose de 100% sur et définitif. De surcroit, on a tendance à juger le "passé" en fonction de nos filtres présents et donc, on voit certains comportements comme extrêmement insupportables comme la violence de jadis. Mais c'est aussi peut être oublier qu'à focaliser sur ce qui nous choque rétrospectivement on oublie qu'il devait y avoir d'autres domaines où les humains d'alors étaient plus en avance et plus "raffinés" que nous. Je pense notamment au spirituel, ou à la non super grande spécialisation obligatoire dans le "travail". En cela, les dieux et Dieu ne sont peut être pas que des inventions et des mythes qu'on reléguerait de façon condescendante à du folklore, comme on relègue parfois tout ce qui tient à l'art à du folklore. Le progrès n'est donc pas être supérieur au passé, on est différent, notamment sur certains points spécifiques (qui il est vrai tendent à se propager à toutes les facettes de notre existence). Pour imager un peu la chose, de façon très géographique, quand on se rend à pied de chez soi à chez un ami, ce déplacement n'implique pas que le moi proche de chez l'ami soit supérieur au moi proche de chez moi, on est juste à deux endroits différents d'un même trajet entre deux lieux. Mais je "progresse" vers chez mon ami. Bref, lol je sais pas si ça va rendre plus clair pour tous le propos ! Je reviendrais sur le temps... Gros muscle à l'ancienne vrai Il est vrai qu'avec les objets technologiques on se comporte parfois comme des enfants gâtés, et des gens stupides. On expose sa voiture puissante comme on expose ses gros muscles en bombant le torse. Pourquoi pas, c'est sympa à faire, ça peut être marrant. Mais je pense qu'on pourrait envisager d'utiliser les technologie un peu plus de façon "spirituelle", au moins un peu. Il est vrai aussi qu'on surinvesti parfois les technologies. Par exemple, aujourd'hui on ne conçoit pas un "travail" sans être collé à un écran, et il est difficile aussi de concevoir de se "divertir" sans écran. C'est pas optimal et carrément négatif (en moyenne). Du coup, certaines personnes se font un point d'honneur à tout faire "à l'ancienne", à balancer tout le web en bloc, à balancer toutes les technologies, en mode décroissance tout ça. Bon, pourquoi pas hein, ça reste une sureté pour l'espèce de varier ses stratégies en fonction des risques. Passage de vitesse Du coup, quand on fait des prédictions/hypothèses sur notre potentiel futur, beaucoup ont l'impression qu'on leur promet un package clé en main et standard. Alors que non ! Tout n'est pas certains déjà. Ensuite, tout ne sera pas uniforme, on aura beaucoup de capacités et de variabilités, de diversité. Et dire par exemple qu'il est envisageable qu'on puisse vivre 200 ans n'est pas dire qu'on va tous vivre 200 ans obligatoirement. On raisonne ici en terme systémique, donc de moyenne. On parle des potentiels et non pas de chemin obligatoire. Il est vrai que parfois les progrès sont limités dans l'usage pas la proximité des uns et des autres, la trop grande densité notamment, et par la démocratisation féroce des outils. Si on peut être puissant, on l'est peut être moins quand on se compare aux autres, la comparaison est une négociation, c'est une question de répartition du droit, des "richesses" (ce qui est perçue comme richesse globalement, à un moment donné). Illustration parlante des voitures, où on peut faire des voitures surpuissantes, mais se déplacer à maximum 50 km/h en ville, et 110/130 sur autoroute (infrastructure créée délibérément pour la voiture). Mais cela est une question d'espace et de concentration. La preuve est qu'en avion, l'air à ces altitudes n'étant pas occupé par les habitations, et les constructions et les êtres vivants sous formes de gros organismes, on peut aller très vite sans problème. Dans la dimension informationnelle de nos existences on peut donc aller à la vitesse de nos capacités hybridées/couplées aux technologies, et donc on a moins de problèmes structurels liés à la densité, à la concentration. La mobilité de notre appréhension Restons sur les voitures, grande "obsession" contemporaine encore. Il est vrai aussi que nous ne sommes pas de bons conducteurs. La voiture augmente le risque de mort de façon inadmissible, et toutes les campagnes de "sécurité" ne sont pas inutiles mais elles ne pourront pas descendre en dessous d'un certain seuil d'accidents. Parce que la voiture augmente les risques de façon systémique, et nous n'avons pas spontanément tous la capacité de gérer les dimensions et les vitesses en dehors de notre corps. Certaines personnes sont même incapables d'appréhender leurs propres limites et capacités corporelles, donc les étendre à une voiture est fou, alors imaginez aux dimensions d'un paquebot, d'un porte containers pharaonique... Pourtant certaines personnes y arrivent. On a donc des limites liées à nos capacités intrinsèques, qui fait que certaines "extensions" ont des avantages parfois plus que mitigés. Un problème aussi dans l'appréhension des capacités est l'idée qu'on doit tous à chaque instant être au maximum de l'utilisation. Non ! Rien qu'avec notre corps, on a des capacités folles, mais on ne développe pas tout, parfois on néglige carrément certaines possibilités, parce qu'on se concentre avec plaisir et enthousiasme sur une capacité. On peut (pas tous mais beaucoup) être bon en sport, en mathématiques, en littérature, en dessin, ça peut se développer contrairement à l'idée de "don" ou "je suis fait pour ça et pas autre chose". Alors certes il peut y avoir des dominantes et ce de façon spontanée qui ne demandent donc que peu ou moindre efforts. Mais on peut aussi se "réinventer", ou cultiver quelques nouveaux savoir-faire, savoir-être. La dynamique des "makers", et du DIY ne va faire que s'amplifier. Donc, mon propos ici est que effectivement tout le monde se retrouve avec un smartphone surpuissant dans la poche, et on ne peut évidemment pas tous exploiter correctement cet outil. Mais ce n'est pas le but non plus. On a une langue, on peut parler h24 tant qu'on a pas de crampe de langue, mais parler h24 n'est pas forcément quelque chose d'intéressant et de vraiment utile. Pourtant on ne va pas débrancher sa langue et se séparer de sa langue sous prétexte qu'elle ne nous sert que 2h sur 24. Sur-réaction Reconnaissons aussi que toute "technique" s'applique d'abord en local et donc crée des effets secondaires que l'on doit gérer ensuite. Certains anti-progrès rigolent (vert) de ça. Il est vrai que quand on a des applis débiles sur comment faire caca, ou qu'on met de l'électricité et de l'informatique sur des outils qui en l'état purement mécanique marchaient très très bien sans dépendance énergétique, il y a de quoi rire (jaune), ou s'arracher les cheveux, au choix. Je suis aussi persuadé qu'en médecine on fait énormément de bourdes et crée parfois/souvent plus de problèmes qu'autre chose. J'aime penser à ma petite expérience dans le trading en tant que hobby superficiel de curiosité, sans enjeux réel. Et bien je pouvais devenir fou à voir des courbes descendre ou monter. Un pic de vente sur une de mes valeurs ? Oh bordel, je suis foutu, il faut absolument que j'intervienne le plus vite possible. Mais en fait, non, c'est pas une bonne stratégie de base. Il y a des fluctuations et réagir ou sur-réagir à la première venue est une perte d'énergie colossale en plus d'être inutile. Et bien, je pense que c'est pareil concernant la santé : à sur-paniquer à partir d'un symptôme, on crée effectivement un stress qui n'existait pas, et on focalise notre attention sur ce symptôme et donc le renforce dans notre mental et quand on souhaite le traiter en urgence parfois on se coltine les effets secondaires qu'on doit traiter ensuite, etc. Mais ce phénomène de répercussion en chaine n'est pas spécifique à ce qu'on regroupe sous le terme de "technique" ou technologie. On peut l'observer dans la "nature" aussi parfaitement. Déterminer le futur Donc, essayer de dire "la technique c'est mal, ou bof", il conviendrait peut être plus de se renseigner sur quelle proportion cela peut s'avérer positif. Il faudrait donc faire un méga calcul couts/bénéfices, ce qui déjà est impossible, même avec des super collections de données et de calculateurs, AI, tout le tintouin. Ce qui impliquerait au passage un vision mécaniste de toute la vie, un simple exercice de gestion comptable existentiel. Mais ça ne s'arrête pas là. Il est encore impossible de juger du bien et du mal car il faudrait savoir à l'avance comment ça va se développer ensuite, si on fait un bilan maintenant. Donc, on ne peut qu'essayer de réfléchir de façon systémique en anticipant certaines dynamiques. Et une fois de plus si on réussit à savoir dans quelle proportion c'est négatif, il faudrait encore savoir si ce bilan négatif à l'instant T sera à jamais négatif. Ce qui me semble plutôt difficile ! C'est tout l'idée de l'exponentiel et du disruptif qu'on peut observer facilement à l'échelle de la lecture et de l'apprentissage, où une compréhension majeure s'opère en un déclic parfois là où on était prêt d'arrêter, d'abandonner. Je ne dis donc pas que c'est forcément positif en tout point, mais que ça ne peut pas non plus être négatif en tout point, et que donc la balance de jugement se fait en fonction de ses propres filtres souvent collés aux idées d'un passé idéalisé toujours en inertie à travers nous. L'amélioration qui diminue Cependant, je conviens que tout n'est pas bon à améliorer. Parfois ce qu'on prend pour un non optimum est juste un passage dans un ensemble de facteurs qui dépassent notre compréhension ordinaire. Parfois il vaut mieux conserver un outil moyen, et ne jamais chercher à l'améliorer. Parce qu'à vouloir améliorer certaines choses on peut tout bêtement arriver à les gâter, à les détruire. Ce qui soit dit en passant n'est pas forcément un mal non plus. Mais quand on parle de progrès cela n'implique pas de tout améliorer en bloc, comme un gros package. C'est chacun qui améliore ou module ce qu'il veut/peut. Et cela ne veut pas dire rendre définitivement obsolètes certains procédés ou outils. Ce sont des sortes de "calculs" en cours, qui se font sur le tas, par l'expérience. Ainsi concernant la musique et ses supports. Le CD a remplacé le vinyle, mais aujourd'hui le vinyle fait son grand retour, pour plusieurs raisons probables (durabilité, qualité, convivialité, gestuelle, charme de l'écoute et de certaines "imperfections"...). Et il en est de même avec l'alimentation où on revient après le tout pharmaceutique ayant même été jusqu'à interdire l'herboristerie à des auto-"traitements" par les plantes au cas par cas. Et il en est de même avec le sport "santé" où on s'est rendu fou de sports stressants jusqu'à se rendre compte que faire un peu de sport comme de la musculation et de la marche est ce qui semble le plus efficace en fait que de s'époumoner 3h de courses à pied par jour. De même qu'il y a des limites, ce n'est pas au plus on mange, au plus on aura de l'énergie utilisable et utile, pertinente et durable. L'information est une topologie L'information est en partie la création d'une topologie spécifique sur laquelle on tend à évoluer de plus en plus. Certains disent à partir de ce constat que l'économie (sic) de l'information est infinie. Et bien, je dirais oui, il est vrai qu'en elle-même elle est potentiellement infinie. Cependant, pour chaque individu la portion d'informations traitables, digérables est limitée. Ce n'est pas proportionnel ! La quantité de livres lus ne fera pas systématiquement la qualité du traitement de l'information accumulée. Parfois, comme pour le sujet de l'acquisition de la maison au début de l'article, il y a des frais qui ne sont pas vus de suite, qu'on occulte, porté par la jouissance de l'effet court terme de cette nouvelle propriété. Donc certaines informations mettent du temps à digérer, voire ne sont bien jamais digérées. Certaines informations entrent en conflit avec d'autres et cela occupe une partie de notre mental (conscient et/ou inconscient) en nous perturbant donc en d'autres domaines. L'assimilation n'est pas parfaite à chaque fois. L'information n'est donc pas sans limite, elle est juste un état différent avec ses propres conditions physiques ou méta-physiques. D'ailleurs on commence à parler d'ingénierie de l'attention qui est un centra de pré--traitement de l'information. Avec les dérives des plateformes actuelles qui nous volent notre attention. Sinon, la question de l'infini, à l'échelle humaine individuelle, la terre est infinie pour nos jambes et nos yeux, jamais on pourra parcourir toute la surface. Donc l'information comme le purement matériel ne sont pas à opposer sur leur potentiel fini/infini. Je dirais que le matériel est autant infini en potentiel que le purement informationnel. Il y a d'ailleurs une continuité entre ces deux états qu'on distingue par mesure pratique de compréhension. Appréciation plus personnelle Ultimement, ce que je pense du "progrès" ? Bon, il semble y avoir un paquet de nœuds autour de notre conception ordinaire du temps. Linéarité temporelle et linéarité du progrès... J'ai déjà esquissé une poignée de suggestion, dans cet article, en relation au temps. Et je ferais un dossier plus fourni sur comment je "perçois" le temps dorénavant. Ce que je peux dire, en tout cas, est que les sujets/objets que l'on est, voit, mange, construit, touche, c'est à dire par exemple un arbre, un vélo, et Tartempion, valent pour eux-mêmes certes, mais aussi représentent une espèce d'agent de transformation, de modulation et donc toutes ces transformations représentent du temps. Quand on brule une buche on brule certes une partie du corps d'un arbre mais aussi le temps qu'il a mis pour pousser et former ce dont on utilise. Quand on lit un bouquin, on hybride partiellement sa pensée avec celle d'un autre, et on bénéficie du concentré d'un travail de probablement plusieurs années voire parfois une vie entière (sans compter la filiation depuis les débuts). Et il faut imaginer combien c'est un "gain" de temps potentiel énorme, et ce dans chaque domaine, imaginez ! Donc, dans cette cumulation de bénéfices marginales individu par individu, on aboutit à cumuler du temps en moins de temps. Oui... ça parait étrange mais c'est bien comme ça que ça se produit. Il y a une sorte de compression/distorsion, tout en résultant en une impression de vitesse. Méta-archive ! Et tel que je le vois, on va effectivement dans une direction à une échelle massive. Pas une direction uniquement "spatiale" mais une direction de création ou passage dans une dimension "supérieure". Il faut voir, qu'on "archive" et augmente quasiment toute notre vie et la vie sur terre même. Dans notre "évolution" on embarque quantité d'animaux et de plantes qui eux aussi se voient "modulés". Ces animaux et plantes sont abrités, on sait les nourrir de façon plus optimale, plus adaptée, ils ont parfois des vêtements, des radiateurs, de la musique, de la compagnie, des lampes UV, des décorations, des ornements. Toutes les maisons sont scannées, photographiées, répertoriées. Bon, évidemment, tout n'est pas rose. Je ne veux pas discuter sur ces derniers propos point par point, je les utilise juste pour montrer la dynamique d'ensemble. Donc, on ne va pas dans le futur, on crée une dimension différente, on embarque une bibliothèque totale. Tout est de plus en plus hybride en biologie/matériau et information. Oui, on migre vers un état qui ressemble à de l'information. L'information n'est pas sans matière, évidemment, mais est une concentration en actions et rétroactions potentielles de cette matière. Pour moi, les pensées sont des êtres et on a déjà fusionné en partie avec eux, notamment avec le verbal. A vrai dire même à l'état biologique, on est tous des hybrides, des sortes de chimères, même si pour nous au quotidien c'est "normal". Donc, il y a a priori une forte chance pour qu'on s'hybride à nouveau avec ce qu'on appelle technologie. La théorie de l'évolution pointe que la "sélection naturelle" s'opère en priorité par succès reproductif. Et je pense qu'il est possible qu'on ne puisse pas tous s'hybrider, ni qu'il en serait souhaitable. Par contre on risque de voir des divergences fortes survenir parfois, avec donc des possibles "embranchements" de l'humain, des formes de spéciations, comme je le suggérais dans l'article sur les cosmologies transhumaines. hybridation et unité J'ai développé avant l'idée qu'on était tous des hybrides, que nous sommes des composites. En effet, ce qu'a besoin mon cerveau n'est pas la même chose que ce qu'à besoin mes reins, parfois même cela rentre en contradiction. Mais à travers ça, on a quand même une unité d'ensemble, et je dirais que c'est pareil avec l'esprit, qu'on prend pour unitaire mais qui est ramifié. Alors oui on a quelque chose d'unitaire, mais pas totalement, pas vraiment. Par exemple, je suis souvent conscient sous forme de pics, de prises de conscience que je ne peux penser en dehors des livres que j'ai lu, mais aussi en dehors de mon environnement, de mes habitudes, de ce que je mange, d'où je suis allé et où je vais. Il me semble possible que le progrès "existentiel" soit ou se rapproche de ce qu'on nomme conscience, et nous serions le support de la conscience. Disruption Mot magique : disruption. Le problème est qu'on utilise ce mot, qui représente un phénomène réel, très souvent à mauvais escient. On l'utilise de façon agressive pour casser des entreprises, des projets honnêtes et porteurs de sens. On l'utilise pour casser la tranquillité. Mais non, ce n'est pas la disruption ça. Parce que la disruption est un effet de convergence et pas une modalité d'action. Parce qu'à ce moment là la disruption est un vol, un viol portant un nom différent. La disruption est un effet qui se manifeste sans qu'on sache le faire délibérément. Et on ne peut donc en aucun cas attribuer le mérite à une action particulière, ni à une personne particulière, ni à une croyance (économisme) particulière. La disruption ne se provoque pas sur commande, c'est un bénéfice qui peut éventuellement arriver mais qui résulte d'un ensemble extrêmement complexe et ramifié de facteurs. Le modèle de "start-up" n'est en aucun cas plus apte à provoquer la disruption que d'autres actions, même des actions non organisées, non planifiées. Ce n'est donc pas corrélé à la quantité de monnaie, à la quantité d'heure de travail, mais à un vaste ensemble indéterminable. Par contre, oui, le progrès n'est pas dans la continuité du toujours plus. Pas vivre dans un studio, mais dans un château, pas manger 3000 calories par jour mais 8000, pas prendre un café de 5cl par jour mais 70 cl, pas lire 20 minutes mais 5h... Non ! Ce n'est pas proportionnel. Donc, la disruption peut tout à fait être dans l'abandon de certains niveaux, dans l'ajustement, dans le moins. Le prix de l'ambition généralisée est énorme par exemple. Je pense aussi au domaine de la méditation, où ce n'est pas au plus de temps du médite au plus tu seras performant ou retirera des bénéfices personnels.
Le progrès se situerait donc plus dans les possibilités de modulation de... tout, que dans l'usage systématique et totalitaire de l'accumulation de changements. Ça n'implique pas d'aller en tout domaine plus vite, d'être dans une course, d'être en compétition totale et permanente, de perpétuer l'économisme, de s'agiter comme des forcenés, de produire pour produire, etc. |
Catégories
Tous
Archives
Janvier 2022
|